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Il y a des matins plus agreables que d'autres

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J’ai fait un rêve génial.

J’étais perdue sur une planète inconnue, seule, au beau milieu d’un océan, vêtue d’une énorme combinaison de kevlar blanche. Et pourtant, je ne m’étais jamais sentie aussi légère.
Il n’y avait rien autour de moi sauf de l’eau, à perte de vue. J’étais obligée de nager si je voulais espérer survivre. Je pensais mourir de fatigue ou noyée, au vu de ma piètre endurance, mais chaque fois que je faisais une brasse, je me sentais plus rapide, plus forte, plus déterminée à trouver un bout de terre ferme sur lequel me reposer. L’océan n’avait pas de fond, je ne voyais sous mes pieds que d’immenses algues danser avec la marée, et je n’avais pas peur.

Après quelques mètres, l’eau commença à descendre sous moi. Je ne voyais plus mon corps, ni même ne le sentais. J’avais fini par m’élever au-dessus de ce milieu inconnu et hostile. Je ne nageais plus, je volais. L’espace d’un instant, je ne pensai plus à rien, j’admirai les reflets du Soleil – sans savoir si c’était le nôtre – rebondir sur les vagues qui défilaient, avec cette sensation d’infini dans laquelle j’étais blottie.

En relevant la tête, je me rendis compte que la hauteur m’avait non seulement permis de planer, mais aussi de trouver mon salut : au loin, l’horizon se découpait en une silhouette plus sombre au milieu du bleu lumineux du ciel et cristallin de la mer. Je sentis l’air se rafraîchir et frôler ma peau. Avais-je aussi abandonné ma combinaison ? Je finis par entrevoir un îlot gris dressé fièrement au beau milieu du vide. Les montagnes s’étaient nettement rapprochées, et je pouvais, depuis mon rocher solitaire, observer le paysage qui s’offrait à moi. Une carte postale tropicale devant la chaîne de l’Himalaya, le tout ponctué de…chalets en bois et d’interminables escaliers zigzaguant entre les arbres ?!

Ma curiosité avait atteint son paroxysme. Aussi, sans même réfléchir une seconde, je bondis dans l’eau. Elle me semblait étrangement plus chaude. J’atteignis l’entrée d’une petite crique en peu de temps, révélant la présence d’êtres intelligents et fortement semblables à des humains. Ils semblaient heureux, et jouaient aux raquettes sur la plage qui se trouvait alors à ma gauche, tandis qu’à ma droite, une colline verdoyante abritait un petit village à l’apparence rustique, mais qui laissait transparaître une civilisation pacifique bien supérieure à la nôtre. Cette partie du paysage me sembla familière, et à juste titre car je l’avais déjà rêvée avec le même point de vue.

Je me sentis doublement apaisée par ce que je venais d’atteindre. Un lieu hospitalier, et un peuple paisible. À ce moment-là, tout ce qui en moi s’était éveillé, toute la sensibilité qui s’était animée en moi se dissipa. Je n’étais plus qu’un bébé se laissant porter par le courant vers la béatitude. Je ne voyais plus, je n’entendais plus. Le sable commençait à se glisser dans mes doigts, puis sur chaque pore de ma peau. J’étais nue. Quand ma tête toucha la rive comme un oreiller, que l’eau devint une couette chaude et douce, j’ouvris doucement les yeux pour les perdre dans le soleil.
J’étais dans le noir, le nez tourné vers le plafond de ma chambre, le corps frissonnant de bien-être, et tétanisé par l’intensité ce que je venais de vivre.

Oui, j’ai fait un rêve génial.
Et même après cela, la journée a été dure.



#FluctuatNecMergitur
Mon réveil ce matin a été le plus étrange de ma vie. Je tenais à poser mon expérience sur papier, histoire de ne pas l'oublier et de partager l'état dans lequel il m'a mis.
© 2015 - 2024 Tamaroa
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